Le Loto du patrimoine de Stéphane Bern

Ce n’est plus une rumeur, le village de Barry a été sélectionné et fait partie des 250 chefs d’oeuvres en péril retenus par la mission Bern.
Nous avons agi, mais nous sommes restés silencieux sur notre site « Barry-Aeria.fr » et il est temps de rompre le silence pour deux raisons :

A) Notre intervention a déclenché un véritable « raz de marée médiatique » pour reprendre l’expression de certains journalistes…

B) Le loto est ouvert, nous ne saurions trop vous recommander de jouer pour la bonne cause et de gratter les tickets « Mission Patrimoine » !

Un hebdomadaire régional sur son site « ledauphiné.com » en date du 29/03/2018, résume les faits :

« A Bollène, le village troglodytique de Barry va bénéficier du loto du patrimoine lancé par Stéphane BERN.

(Voir le texte ci-dessous : le Dauphiné)
Une bonne nouvelle que l’on doit à la démarche de l’association Barry-Aeria qui avait constitué un gros dossier sur ce site qu’elle chérit tant.»

Le dossier est adressé au Palais de l’Elysée à l’attention de Mr Bern…

La lettre

Les photos

Deux documents annexes

Après la réception du courrier

Les échanges téléphoniques avec la « Mission Patrimoine S. BERN »

Le 19 février, appel de Mme Vaton collaboratrice de Mr S. Bern…. « C’est le type de dossier que nous attendions »

Suite de cet entretien d’une dizaine de minutes, Mme Vaton signifie au président de Barry – Aeria :

– Mr Mermet de la Fondation du Patrimoine, qui a en charge la constitution du dossier pour la commission des sites à sélectionner, vous appellera dans la journée…

Le 19 et 20 février : échanges d’appels téléphoniques avec Mr Mermet, il en résulte : une étude de faisabilité et de coût concernant la restauration de Barry doit être fournie pour le vendredi suivant, pour un examen approfondi en vue de sa présentation à la commission de sélection…

En accord, Gérard Dumarcher Vice-président et C. Dalmas Président, préviennent immédiatement Mr C. Raoux 1er Adjoint, délégué au Patrimoine de la ville…

Le 21 février, suite à un entretien téléphonique avec Mr Mermet et Mr Raoux, ce dernier reçoit dans la journée et par messagerie, le dossier à remplir pour présentation à la commission des sites à sélectionner.

Le service du Patrimoine (Mme Georgette Simon), avec diligence et célérité complète le dossier et le transmet dans les temps !

Le 24 février, Mr Mermet confirme à C. Dalmas que le dossier de Barry est complet pour sa présentation à la 1re commission de sélection…

Le dossier de Barry est sélectionné, mais n’est pas prioritaire pour 2018 ; une autorisation décisive est encore en attente, celle de la levée des arrêtés municipaux par le ministère concerné ; autorisation ne pouvant être obtenue que dans le courant du mois de septembre.

Dès lors, la Mairie, « maître d’œuvre », détiendra la liberté d’action pour agir et poursuivre les travaux sur le site.

Sur ce dossier « réussi » Barry-Aeria et le Service municipal du Patrimoine ont agi en partenaires ; espérons, que suivront d’autres actions communes pour l’intérêt de Barry…

Par son intervention relayée par les médias, Barry-Aeria a révélé au grand public, administrations et mécènes la sauvegarde pressante du village de Barry.

Bilan des travaux de la source du Planas _ Août 2018

A la fin du mois d’août 2018, les travaux engagés avec la colonie de vacances ADP Junior en juillet 2018 ont bien avancés. Leur objectif était de rechercher les causes du tarissement de la source depuis 3 ans et de tenter d’y remédier. Les efforts ont porté sur 3 secteurs distincts :

  • La conduite a été mise au jour sur une trentaine de mètres ce qui va permettre le remplacement de la partie aval. En effet, le tuyau en PVC a mal résisté, alors que la partie amont est constituée d’une conduite en acier en bon état. Le tuyau PVC a été retiré et sera remplacé prochainement.
  • Nous avons également porté nos efforts en direction du lieu de captage de la source. En effet, il est possible que le captage soit obstrué par la végétation ou des sédiments. Nous n’avions aucun idée des dimensions de ce captage ni de sa configuration. Il est apparu que ce dernier est très étendu. Nous avons d’abord du débroussailler la zone où a végétation avait proliféré, notamment sous la forme de cannes, de joncs et de genêts. Il y avait également plusieurs troncs de chênes morts, tombés sur le captage. Une fois la zone dégagée, nous avons commencé à dégager les remblais et les pierres qui recouvraient le captage. La découverte d’une bâche plastique indiquait que nous étions proche du but, et que le captage avait fait l’objet d’une restauration, vraisemblablement dans les années 1970 ou 1980. Sous la bâche, une petite galerie parallèle au rocher a été découverte. Le fond est constitué d’une couche d’argile imperméable destinée à récolter l’écoulement. L’ouvrage est constitué de pierres irrégulières liées avec de l’argile. La largeur et la hauteur de l’ouvrage sont d’environ 40 à 50 cm. Il est recouvert de blocs de grandes dimensions qui forment la voûte. Nous ignorions sa longueur totale, mais il est probable qu’il s’étende sur plus de 10 mètres. Les travaux se poursuivent actuellement vers l’est, mais il semble que la source soit à sec.
  • Le troisième lieu d’intervention concerne un tronçon de chemin charretier situé quelques mètres en amont de la source. De manière caractéristique, il est repérable par les deux entailles réalisées de chaque côté dans le rocher. Ce chemin montait directement vers le plateau du Planas, il est aujourd’hui complètement obstrué par les arbres et arbustes qui y ont trouvé un peu d’abri et d’humidité, rares sur cette zone rocheuse. Les adolescents de la colonie de vacances ont donc débroussaillé un secteur, et le résultat est impressionnant !

A suivre avec le CITO en septembre !

Sommaire des articles parus sur Mondragon Plus

Ci-dessous vous trouverez les liens vers les différents articles concernant l’association parus sur le site Mondragon Plus (Jean PAVILLET).

  1.  Barry : des jeunes gens venus du Nord à la rescousse
    Un chantier de vacances pour ados axé sur la sauvegarde du site troglodytique
  2. Barry Aeria élargit son audience au niveau départemental
  3. Les « barrystes » ont pique-niqué sur leur site préféré !
  4. La réouverture du site Barry serait effective avant l’été 
    Barry-Aeria se sent repousser des ailes et cible son objectif premier : le site troglodytique
  5. Barry Aeria diversifie son action autour du site interdit 
    Privée de son but initial, l’association de défense relève le défi par d’autres actions
  6. Barry Aeria ressuscite le pique-nique pascal
    Rendez-vous ce lundi 17 Avril 2017 au parking de l’Espace Senos
  7. Patrimoine : Grand nettoyage printanier pour Barry Aeria 
    Relance du pique-nique pascal le lundi 17 Avril prochain
  8. Patrimoine : l’exaspération croissante de Barry Aeria
    Depuis 2009, le site troglodytique reste inaccessible à ses défenseurs
    qui ont décidé d’agir. Et pourquoi pas l’utilité publique ?
  9. Entre nature et curiosités avec Barry Aeria
    Une balade commentée ce samedi 3 Décembre 2016
  10. Barry Aeria se souvient des régates sur le canal
    Les défenseurs de Barry sollicitent les témoins du passé festif bollénois
  11. Barry Aeria entretient la flamme pour le site troglodytique
    Inaccessible depuis 8 ans, ce site d’exception n’en mobilise pas moins sa sauvegarde
  12. La capitale gallo-romaine du Tricastin révèle ses secrets
    Une collaboration étroite entre Barry Aeria et le Musée du Tricastin
  13. Le site troglodytique reste inaccessible à Barry Aeria 
      
    Le projet de restauration est reculé d’un an pour raison administrative
  14. Tout connaître sur les vestiges du fief de Chabrières
      Barry Aeria expose des panneaux au Château La Croix Chabrières
  15. La nature et le patrimoine au cœur d’une fête champêtre
    Les associations Barry Aeria et Parlaren conjuguent leurs efforts
    et proposent une rencontre autour des Caves cathédrales du Mas Théo
    ce samedi 30 mai 2015
  16. Entre nature et patrimoine avec Barry Aeria
    Une première balade commentée et un pique-nique
    à Barry sont proposés ce samedi 25 Avril 2015
  17. Bientôt la réouverture et des travaux sur Barry ?
    L’association de défense Barry Aeria et la Ville
    se sont concertées. Un contact très positif.
  18. Barry Aeria attend la réouverture du site troglodytique
  19. Barry boudé par FR3 pour « Des racines et des ailes » !
    Le site troglodytique toujours inaccessible pour raison de sécurité
  20.  Site de Barry : 50 ans de négligence à rattraper !
    Le site troglodytique reste 
    inaccessible pour raison de sécurité
  21. Barry Aeria tourne à vide depuis plus de dix ans
    Le site troglodytique reste l’enjeu des broussailles
    et du vandalisme. Pas de réouverture avant 2013

 

 

 

Le télégraphe aérien de Claude CHAPPE à Barry

ou la station du sémaphore de Bollène

« Le citoyen Chappe offre un moyen ingénieux d’écrire en l’air, en y déployant des caractères très peu nombreux, simples comme la ligne droite dont ils se composent, très distincts entre eux, d’une exécution rapide et sensible à de grandes distances »…

(Extrait du rapport à la Convention le 1er avril 1793 de Charles-Gilbert Romme membre du Comité de l’Instruction Publique.)

Claude Chappe présente en 1793, un procédé de communication de l’information à distance qui s’avère être le plus rapide de tous ceux utilisés jusqu’alors. Aidé par ses frères, Claude Chappe est le premier entrepreneur des télécommunications dans l’histoire de l’humanité. Par la rapidité de son système, il révolutionne la transmission de l’information.

En 1794, il achève l’installation de la première ligne entre Paris et Lille. Un message émit de Paris parvient à Lille dans le cas de conditions favorables de visibilité (météo) environ 30 minutes plus tard, c’est un progrès énorme pour l’époque. L’invention est adoptée par la Convention Nationale qui nomme Claude Chappe, ingénieur télégraphe…

« Sémaphore » à sa création, le procédé de Chappe est nommé ensuite le « Télégraphe aérien ». Le principe permet à l’aide de bras articulés, de transmettre des signaux optiques d’un poste sémaphore à un autre. L’appareil est appelé « Station », les postes ou stations sont positionnés sur des hauteurs et distants d’environ de 10 à 15 km. Le factionnaire de la station équipé d’une lunette de longue-vue, copie sur un registre les signaux émis par le sémaphore émetteur voisin. Puis avec l’aide d’un mécanisme complexe de poulies et de cordages qui actionnent bras indicateurs en haut d’un mat, le stationnaire récepteur devient à son tour émetteur pour la station suivante. Les émissions circulent dans les deux sens, amont ou aval, chaque position des bras (signal optique) correspond à un mot d’un vocabulaire codé. Seules les stations centrales situées généralement aux abords d’une préfecture ont connaissance après décodage du contenu des messages…

Bien qu’il ne fonctionne que de jour et par beau temps, le télégraphe Chappe reste actif pendant 59 ans. Au milieu du XIXe siècle, on compte plus de 500 postes en France, 200 hors du territoire national avec un réseau de 5 000 km. Il est détrôné par l’arrivée du télégraphe électrique et abandonné définitivement en 1855, les stations sont remises aux Domaines puis vendues aux enchères…

Le télégraphe à Barry

Le massif de Barry d’une hauteur approximative de 310 mètres est par sa position dominante sur la vallée du Rhône un emplacement de choix pour installer un poste de télégraphie aérienne.

Le télégraphe se situait au Nord-Ouest sur le plateau du village troglodytique de Barry à 6 km de Bollène, près de l’ancienne table d’orientation et à proximité du bord de l’escarpement ou de la falaise surplombant Bollène-Ecluse. À 30 mètres de ses ruines, un relais de télécommunications moderne témoigne de la pérennité du site pour les transmissions à longue distance.

La station fut construite sur une partie des restes de la chapelle St Vincent (XIIe siècle), voir plan ci-contre. Sa position a été vraisemblablement choisie pour l’utilisation des ruines de la Chapelle. Malgré le soutien de l’état, Chappe manquait sérieusement de ressources d’investissement.

Les ruines du bâti de la chapelle étant sur place, elles aidèrent sans doute à la construction de la station de BARRY, pour un gain de temps tout en évitant l’achat et le transport d’accès difficile, d’une grande part des matériaux…

Les dimensions de l’édifice sont de 4X4 m avec une épaisseur des murs de 0,40 m pour une hauteur probable au faîte du toit de 7 à 8 m. Ses ruines subsistent encore ; le poste mériterait d’être restauré, il apporterait un attrait supplémentaire au public passionné par le massif de Barry avec ses particularités historiques et environnementales.

La station N° 22 de BARRY

Le sémaphore de Barry ne représentait qu’un poste intermédiaire, les stations centrales les plus proches étant Valence et Avignon. Ses relais voisins étaient : au nord, La Garde-Adhémar avec le poste N° 21 et en amont de ce dernier, Rac (Malataverne aujourd’hui) le poste N° 20. Vers le sud, Mornas le poste N° 23 et au sud, celui d’Orange le poste N° 24…

L’arrivée du télégraphe électrique pouvant communiquer sans problème de visibilité (météo et nuit) avec une transmission plus rapide, plus précise et aisée, sonne le glas du système optique de Chappe.

Comme ses voisines, le 14 décembre 1821 la station de Bollène transmet sa première dépêche. Puis, après 33 années de service sur la montagne de Barry, ses bras cessent définitivement de gesticuler, le 10 février 1854.

Par tradition orale deux stationnaires sont connus, natifs et résidents du village troglodytique de Barry ils appartenaient aux familles Bouchon et Rivier. Pour être employé au télégraphe, ils devaient savoir lire et écrire, ce qui à cette époque n’était pas chose courante dans la population du village.

Rivier officia une dizaine d’années et fut le dernier stationnaire. Homme très pieux, entre les transmissions il lisait un livre de prières. Un brouillon de lettre écrit sur une page arrachée à ce livre a été conservé ; Rivier se plaint de ne pas recevoir le remboursement de frais de réparation du télégraphe, qu’il a payé de sa poche afin d’assurer sa mission. L’hiver, il recevait une allocation (dérisoire) de bois pour chauffer le local où il était présent 12 heures par jour….

Source : Docteur Bernard Ely apparenté à Rivier et Robert Bouchon, tous deux issus de vieilles familles de Barry ; défenseurs et historiens du village.

Quelques notes et anecdotes de l’époque concernant le télégraphe Chappe

Les auteurs contemporains du télégraphe-Chappe s’inspirent de ses stations gesticulantes :

Victor Hugo : La première apparition du télégraphe dans la littérature date de 1819 avec Victor Hugo. À 17 ans, il écrit le poème « Le télégraphe » : « Ce maudit télégraphe va-t-il cesser ! D’importuner mes yeux qu’il commence à lasser ? Là, devant ma lucarne, il est bien ridicule ! Qu’on place un télégraphe auprès de ma cellule ! Il s’élève, il s’abaisse… et mon esprit distrait dans ces vains mouvements cherche quelque secret…«  

Le télégraphe, 1819.

Il rencontre à plusieurs reprises le télégraphe :

En 1836, alors qu’il voyage avec Juliette Drouet près du Mont Saint-Michel, Hugo apprend grâce au télégraphe l’attentat du 25 juin, d’Alibaud contre Louis-Philippe.

Sa visite au Mont Saint-Michel lui laisse un souvenir détestable : « À l’extérieur, le Mont Saint-Michel apparaît comme une chose sublime, une pyramide merveilleuse… Pour couronner le tout, au faîte de la pyramide, à la place où resplendissait la statue colossale dorée de l’archange, on voit se tourmenter quatre bâtons noirs ; c’est le télégraphe. Là où s’était posée une pensée du ciel, apparaît le misérable tortillement des affaires de ce monde ! C’est triste. »

Voyage en France et en Belgique, 1834-1837.
… »À deux lieues de Chalons, dans un endroit où il n’y a que des plaines, des chaumes à perte de vue et des arbres…, une chose magique vous apparaît tout à coup, c’est l’abbaye de Notre-Dame-de-l‘Epine. Il y a là une vraie flèche du quinzième siècle, ouvrée comme une dentelle et admirable, quoique accostée d’un télégraphe, qu’elle regarde, il est vrai, fort dédaigneusement, en grande dame qu’elle est. »
Le Rhin, 1842, ‘Œuvres complètes de Victor Hugo‘. 

Stendhal a entrevu avec beaucoup de clarté le rôle que les moyens de télécommunication seront amenés à jouer, au service du pouvoir notamment. Voir son roman inachevé, rédigé entre 1830 et 1840 qui relate l’histoire du lieutenant Lucien Leuwen : « Le télégraphe y est un moyen de pression par le biais de la rapidité de l’information ».

Flaubert en 1847 évoque la vie d’un stationnaire dans ‘Voyage en Bretagne par les champs et par les grèves’ :
« 
Quelle drôle de vie que celle de l’homme qui reste là dans cette petite cabane à faire mouvoir ces deux perches et à tirer sur ces ficelles, rouage inintelligent d’une machine muette pour lui ! Il peut mourir sans connaître un seul des événements qu’il a appris et un seul mot de tous ceux qu’il aura dits. Le but ? Le sens ? Qui les sait ? ».

Comme aujourd’hui avec internet, il y avait des virus et des tromperies ! :

Certains spéculateurs n’hésitent pas à corrompre les stationnaires pour envoyer de fausses informations sur les cotations de la Bourse à Paris…

Alexandre Dumas, évoque les informations corrompues dans « Le Comte de Monte-Cristo » (1846) :  » Monte-Cristo soudoie l’employé d’une des tours sur la ligne de l’Espagne à Paris et lui fait exécuter d’autres signes que ceux de la dépêche ; il en résulte à Paris une brève panique boursière où son ennemi le baron Danglars perd une grande part de sa fortune. Ce passage est pour Dumas l’occasion de décrire le fonctionnement d’une ligne du télégraphe Chappe…

Élie Berthet, dans son roman « La tour du télégraphe » (1869) ; un jeune homme confiné dans une station télégraphique sur la ligne Paris-Bordeaux, découvre un abus du télégraphe pour un délit d’initiés spéculant à la Bourse.

La Loterie de France transmettait les résultats par télégraphe, moyennant une redevance (il y a eu des fraudes). La contribution de la Loterie de France a permis à Chappe de financer de nouvelles lignes…

Les politiques et les militaires usent du sémaphore :

François René de Chateaubriand en tant qu’usager, par ses fonctions d’Ambassadeur à Berlin (1821), à Londres (1822) et Rome (1828), précise qu’il possède un avantage sur ses collègues, le télégraphe lui permet d’être informé avant tous : « Si la chose en vaut la peine, j’enverrai un courrier extraordinaire ;… Vous pourrez être instruit par le télégraphe vingt-quatre heures avant le reste de l’Europe et expédier si vous le voulez, un courrier pour Vienne. » Extrait des Correspondances.

Napoléon Bonaparte comprend rapidement l’avantage que procure l’invention des frères Chappe sur les champs de batailles. Il emporte un sémaphore portable dans ses campagnes, ce qui lui permet de coordonner ses forces et sa logistique sur des distances plus grandes que n’importe quelle autre armée ennemie.

Si l’Empereur tire profit de la copie du système Chappe sur le plan militaire, il ne favorise pas financièrement l’installation des lignes du télégraphe….

Napoléon Ier, était-il bien inspiré ? Oui, semble-t-il !*? Car pour son évasion de l’île d’Elbe et son débarquement en France le 1er mars 1815, la ligne du télégraphe Lyon-Toulon par manque de capitaux n’est pas encore implantée. Louis XVIII n’est informé que quatre jours plus tard du retour de l’Empereur dans l’hexagone ! (Délais d’acheminement de la dépêche à la vitesse du cheval entre la côte d’azur et le télégraphe de Lyon). Si la ligne avait été opérationnelle, le Roi aurait été informé 3 ou 4 heures après, ce qui probablement aurait changé quelque peu le cours de l’histoire… Le télégraphe de Lyon jusqu’à Toulon n’est ouvert que 6 années plus tard en 1821.

Si le principe du télégraphe optique paraît totalement désuet aujourd’hui et son inventeur quelque peu oublié, il est pourtant l’aïeul des procédés de la diffusion rapide de la communication. Après l’invention de Claude Chappe naissent successivement : le télégraphe électrique, le téléphone par fil, la T.S.F (Radio), la télévision, le téléscripteur (Télex), les satellites de communication, le minitel, internet et le téléphone portable…

Sources : Archives FNARH, station de Barry, par L. Niéto 1986. Wikipédia. Télégraphe-Chappe.com. Le télégraphe historique : Alexis Belloc, 1894 BnF. Napoléon-histoire.com. Chappe dans la littérature : de Thérèse Eveilleau, pages perso. Ely Bernard, archives perso et communication de tradition orale. Centenaire de la télégraphie, François Gautier 1893 BnF. Barry découverte//de R.Bouchon et M.Bois. Le télégraphe optique de C. Chappe : Roger Gachet 1993. Le télégraphe aérien : Louis Figuier 1868.

Claude DALMAS, février 2018.

Ci-dessous : photos de télégraphes restaurés ; celle de gauche semble correspondre au jumeau de Barry